vendredi 6 mars 2020 (dernière modification le 6 février 2023)

CORONAVIRUS : le TITANIC administratif maintient le cap et la vitesse

Communiqué de presse

Emmanuel Macron a annoncé que la gestion de l’actuel épisode d’infection à coronavirus allait s’étendre sur des semaines, voire des mois ... La France retient son souffle dans l’attente de l’annonce officielle par le ministre de la santé du passage en phase 3 ... Le DGS fait des conférences de presse...

Pendant ce temps sur le terrain, au sein des services administratifs (agences régionales et nationales, services centraux du ministère ...) les équipes s’affairent et s’échinent à faire face aux demandes diverses qui pleuvent dans le désordre.

La situation est particulièrement tendue dans les ARS dont les effectifs diminuent depuis plusieurs années (-1500 postes perdus actuellement sur 9500 en 2010 : année de création des ARS) et elle est encore plus dégradée au niveau des médecins qui, logiquement, se trouvent en première ligne dans la gestion d’une épidémie. Le nombre de médecins inspecteurs de santé publique qui forment l’ossature de la présence médicale en ARS a fondu, passant de 600 à moins de 400 en peu d’années et cela sous le regard indifférent des employeurs. En fait peut-être préfèrent-ils détourner le regard sur ce processus de « démédicalisation » de l’administration qui par ailleurs sert bien les partisans d’une approche jusqu’alors uniquement comptable du système de santé ...

Mais face à une épidémie d’une telle ampleur, la médecine de santé publique revient au premier plan. Pour le moment, les collègues médecins font encore face à la tâche, mais pour combien de temps encore ... A l’épuisement réel des équipes hospitalières répond l’usure des individus et en l’occurrence celle des médecins de l’administration sanitaire (en bien des endroits, on ne peut plus guère parler d’équipes) et le fait que ces médecins vont pour un certain nombre d’entre-eux se retrouver à leur tour confinés ou malades du Covid-19, cette situation nous alerte....et les collègues le font remonter. S’agissant des infirmières de santé publique, des pharmaciens de santé publique, des ingénieurs de santé environnementale et des collègues administratifs qui composent ces cellules de gestion des cas et des situations sanitaires urgentes en ARS, ils sont confrontés également aux mêmes contraintes.
Cela se passe actuellement en l’absence de toute mesure d’adaptation de travail : ainsi la pression s’accroît progressivement sans que les plans de continuité d’activité ne soient déclenchés pour se placer dans une véritable posture de gestion de crise. Les directeurs se contentent de faire appel, ici et là, aux bonnes volontés, au dévouement des agents par des appels au volontariat multiples sans qu’une véritable organisation de gestion de la crise sur la durée ne soit arrêtée et mises en oeuvre .. Est-ce une attitude professionnelle ? Est-on aujourd’hui, au stade où en est l’épidémie, à la hauteur des enjeux ?

Le paquebot des ARS prend l’eau depuis des années progressivement... Le capitaine reçoit depuis longtemps des messages d’alerte de notre syndicat... Maintenant, il y a un iceberg en forme de virus droit devant et le capitaine se borne à maintenir le cap et la vitesse ...

Pour ces raisons, le syndicat des MISP-UNSA attire aujourd’hui solennellement l’attention sur les risques de rupture possibles de l’action médicale au sein des ARS.