mercredi 8 juillet 2015 (dernière modification le 6 février 2023)

La vaccination : le SMISP est pour !

La polémique lancée par M. Joyeux autour de la vaccination a été portée par une pétition recueillant de nombreuses signatures, mais suscitant également des mises au point successives de la part des autorités sanitaires et scientifiques. Le Syndicat des médecins inspecteurs de santé publique tient aujourd’hui à rappeler un certain nombre d’éléments.

Le Ministère de la santé, la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française, l’Académie de médecine, mais aussi de nombreux scientifiques ont pris clairement position contre la démarche polémique initiée par M. Joyeux, et le Smisp rejoint complètement leur positionnement dans ce débat.
Effectivement, il apparaît qu’à l’occasion d’une pénurie réelle et normalement temporaire de certains vaccins, il argumente sur la dangerosité de la vaccination. Sans s’affirmer clairement hostile, il égrène des arguments pseudo scientifiques qui visent à semer le doute, et qui y parviennent si on regarde le nombre de signatures recueillies.
Le Smisp veut affirmer avec les autorités sanitaires et scientifiques que la vaccination est un bienfait pour l’humanité, l’éradication de la variole, l’élimination de la polio, et le contrôle de toutes les maladies à prévention vaccinale au moins dans les pays développés, étant quotidiennement la preuve de cette réussite. La vaccination, son principe et ses modalités sont enseignés dans nos facultés de médecine au sein de diverses disciplines médicales, et la santé publique peut se féliciter de disposer d’un outil préventif de cette efficacité. Il y a lieu par ailleurs de s’étonner du nombre de médecins diplômés dans nos universités qui s’affranchissent de l’enseignement reçu et se déclarent hostiles à la vaccination, à l’exemple de ce Monsieur.
Personne ne dit que le geste vaccinal est anodin, et des évènements indésirables peuvent toujours se produire. Mais la question du bénéfice/risque individuel et collectif est réglée scientifiquement depuis longtemps, et notre organisation sanitaire s’attache à prendre en compte les conséquences éventuelles de la vaccination. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé est là pour enregistrer, évaluer et prescrire s’il y a lieu des enquêtes complémentaires, le vaccin étant considéré comme tout médicament. En parallèle, notre société a récemment décidé de prendre en compte les signalements des lanceurs d’alerte et d’en protéger si besoin les auteurs. Mais ne peut se ranger dans ce statut n’importe qui affirmant n’importe quoi. C’est ainsi que les assertions de ce cancérologue, contestées par le monde scientifique, ne peuvent pas, puisque tenant de l’opinion, être acceptées comme un lancement d’alerte.

Reste que tout cela a été rattaché à la pénurie de certaines valences vaccinales, provoquée par une demande mondiale subite et un délai d’adaptation nécessaire invoqué par les laboratoires producteurs de vaccins. C’est sur ce point que le Smisp voudrait attirer une attention particulière.
Est en effet posée la question de la régulation de la production vaccinale par des laboratoires internationaux, alors même que le contrôle des épidémies est considéré comme un bien public mondial. Bien public que les autorités sanitaires nationales ne sont pas en mesure de protéger complètement, dans la mesure où les fournisseurs sont installés dans une logique de marché mondial, et ajustent leur offre à la demande. Et finalement aucune convention de garantie de la fourniture de vaccins ne semble établie. Le niveau européen ne semble pas disposer de plus de leviers, malgré les recommandations parlementaires à l’issue de la crise H1N1 de 2009. L’OMS reste la seule institution qui peut et doit parler pour les Etats, mais elle ne dispose pas d’autre pouvoir que celui des recommandations. Il existe donc bien là un problème de santé publique illustré par cette pénurie actuelle, malgré la bonne volonté affichée des laboratoires. Nous demandons au Ministère de la santé d’indiquer de quels moyens il pense disposer afin que les coûts et les offres vaccinales ne dépendent pas autant des multinationales et des lois du marché.