dimanche 26 novembre 2017 (dernière modification le 23 août 2022)

MISP et médecins de santé scolaire : même combat ?

L’Académie de médecine vient de publier un rapport dénonçant «  la situation alarmante de la médecine scolaire en France, qui met en grande difficulté les actions éducatives fondamentales en matière de prévention pour les enfants et les adolescents » (lire ici). Dans le constat :
 « le manque de pilotage, d’évaluation et de clarté pour la gouvernance  » de la médecine scolaire
 «  ... le nombre de médecins scolaires...en diminution constante passant de 1400 médecins de l’éducation nationale (MEN) en 2006 à 1000 en 2016 ». Il existe également une répartition territoriale des MEN très hétérogène. Enfin, il est prévu « un nombre très important de départs à la retraite dans les années qui viennent ».
 une attractivité de la médecine scolaire « médiocre en raison de sa faible reconnaissance professionnelle et des mauvaises conditions matérielles  ».
 des missions et des tâches qui «  se sont accumulées au fur et à mesure des années  » et au gré de l’accumulation des circulaires.
« L’Académie de médecine recommande de remédier d’urgence à la pénurie des MEN, de recadrer leur activité dans un statut de médecins de la prévention, d’assurer l’examen de santé pour tous les enfants de 6 ans, de réviser la gouvernance par la création d’un comité exécutif entre les ministères de l’EN et de la Santé, d’instaurer un enseignement universitaire de la médecine scolaire sous la forme d’une formation spécialisée transversale,...  ». Cette formation spécialisée transversale sera effectivement mise en place dans le cadre de la réforme actuelle de l’internat ; elle sera accessible aux internes en pédiatrie, médecine générale et santé publique. L’Académie propose également d’ « organiser un système de santé scolaire, de la maternelle au lycée, rattaché au Ministère de la santé » (un retour, en quelque sorte, à la situation d’avant 1991).
Un tel constat ne vous rappelle rien ? Décidemment, que ce soit en matière de santé publique en général ou en prévention / promotion de la santé en particulier, l’expertise médicale est loin d’être reconnue et prise en compte par ceux qui nous ont gouvernés depuis plusieurs années...
Par ailleurs, ce rapport fait suite à ceux de la Cour des comptes et de l’Assemblée nationale en 2011, du HCSP en 2013, et du Sénat en 2016. Restera-t-il lettre morte comme ses prédécesseurs ? D’autant qu’une mission d’évaluation de la médecine scolaire demandée en avril 2015 par le premier ministre au ministre de l’éducation nationale n’a toujours pas rendu son rapport, du moins officiellement !
Quels seront les moyens affectés à la Stratégie nationale de santé 2017-2022 qui s’est donnée pour objectifs notamment « la prévention et la promotion de la santé tout au long de la vie et dans tous les milieux » (« Une attention particulière sera apportée aux enfants et aux jeunes » selon le dossier de presse du ministère chargé de la santé) ?